top of page

DEFINITION DU TRAVAIL PAIR

     Le travail pair repose, dans les champs de l’intervention sociale et médico-sociale, sur le principe d’un accompagnement des personnes par des « pairs », c’est à dire des professionnels dotés de « savoirs d’expérience » acquis au fil d’un parcours de vie similaire à celui de ces personnes.

​

     Le travail pair est ainsi exercé par des personnes ayant un vécu qui les a confrontées à des expériences douloureuses et stigmatisantes (vie à la rue, grande précarité, troubles psychiques, addiction, prostitution, handicap, etc.). Ainsi, à l’envers d’un recrutement classique, s’attachant à valoriser un parcours professionnel et des qualifications, le travail pair met en avant les compétences, savoir-être et savoir-faire issus de parcours de vie souvent chaotiques (retournement du stigmate).

     Ces parcours amènent généralement les personnes à cumuler des expériences stigmatisantes connexes les unes aux autres (santé mentale + précarité ; rue + addiction + santé mentale, etc.) au cours desquelles elles développent des savoirs et des habiletés sociales (savoirs techniques, connaissance des procédures institutionnelles, maîtrise des jeux de rôles, etc). Ces personnes disposent ainsi d’une expérience de plusieurs formes de domination qui fonde un  « savoir-y-faire avec la domination[1] », (Demailly). Toutefois, le seul fait d’avoir vécu des expériences douloureuses ne garantissant pas l’élaboration de savoirs, la condition requise pour devenir travailleur pair est la progression vers un mieux-être, une stabilisation de sa situation, un "rétablissement". Il faut donc passer du témoignage au savoir d’expérience en prenant de la distance par rapport à son propre vécu, en l’objectivant dans une certaine mesure, et en rendant transférables / communicables à d’autres personnes les connaissances  qui en sont issues.

 

     Dans la perspective affichée de passer du « cure » au « care » (de la volonté de "guérir" à celle de "prendre soin"), le travail pair a vocation à favoriser la prise en considération et « l'empowerment » (pouvoir d’agir) des personnes accompagnées dans le champ médico-social, et à co-construire avec elles les conditions de leur autonomie. Il promeut donc une horizontalisation de l’accompagnement des personnes et une transformation des cultures professionnelles du champ médico-social.

 

 

[1]« Le savoir-faire des médiateurs de santé pairs en santé mentale, entre expérience, technique et style », Lise Demailly & Nadia Garnoussi, SAS, n°1, vol.1., 2015, Empowerment, participation, activation...Des concepts aux pratiques d'intervention sociale.

bottom of page